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En passant par la Guyane

 

En passant par la Guyane... chanson connue, mais sans sabots !

1982

J'ai retrouvé recemment ce "journal" écrit à Salvador do Baia, il date de 32 ans !

 J'aimerais retrouver les personnages de cette aventure.

Cayenne. Mon arrivée en Amérique du sud a commencé par le vol de mes 160 dollars US+ 400 francs contenus dans mon portefeuille. Depuis le trajet de l'aéroport et paiement du taxi,  je ne l’avais pas ouvert. Ce vol a du être commis dans mon sommeil, ou pendant que je prenais ma douche. Le matin au moment de payer les 111 francs de ma chambre, mon portefeuille était toujours à la même place mais vide... La porte d’entrée était bien fermée mais, sur le balcon, la fenêtre de ma chambre était restée ouverte pendant la nuit ! J’ai mis 24 h à m’en remettre ! Mon projet de voyage à Rio avait du plomb dans l’aile… Un voyageur m’a avancé 100 balles pour payer. De cafés en bistrots,  je ne vais côtoyer que des crânes rasés de la légion. Les noirs, les marrons sont complètement absents de ces endroits.  Ce soir, je suis attiré par le cirque Pinder. Un français, en résidence surveillée pour trafic de drogue, vend des canards marionnettes devant la caisse. Son copain, lui, fait des saxos en bambous, ça sonne pas mal, dommage qu’il ne soit pas musicien pour en faire la promotion... On me présente à un troisième qui est guide de touristes avides de sensations dans la remontée du fleuve Maroni. -"Beaucoup de suisses et d’allemands sont demandeurs, la jungle et les indiens ça paie…" dit-il. Il y a 2 places gratuites pour Pinder, il m’en propose une. Après les singes savants, les clowns, toutes ces péripéties et un manque de sommeil de 24 heures, je m’endors, au lit dans un "boui-boui"  deux fois moins cher mais doublement bruyant. Deux jours et demi d’errance à Cayenne avant de rencontrer Gérard Tavakilian, un entomologiste, qui, m'écoutant jouer de la guitare devant un café, m’offre de m’héberger dans sa famille en attendant mon départ pour Belem dans 5 jours.

1982 gerard a cacao

Dans la jungle : Gérard doit aller dans la jungle près de Cacao, il m’invite à participer à la visite de ses pièges. Après une heure de piste en jeep, tracée dans la jungle, je suis stupéfait de le voir plonger un bras dans des troncs pourris pour le ressortir, la main pleine d’humus noir afin d’en examiner les composants ! Rien pour cette fois, Gérard, sans arme, n'a peur de rien dans cette sombre jungle, depuis des années, il en connait tous les secrets... Il me raconte une belle histoire : " Un jour, ayant entendu du bruit derrière un tronc d'arbre couché, je me suis  retrouvé nez à nez avec un jaguar qui lui aussi avait entendu du bruit, et bien  le jaguar m'a fixé dans les yeux, a reculé puis est parti tranquillement... "

1982 la baignade a cacao101


Philou et babu781Contact jazzy… C’est d’abord l’envie, puis le culot qui m’a poussé à aller avec ma guitare au "Club Pénitencier" près de l’aéroport. Je rencontre un musicien français : Babu,  excellent guitariste qui a vécu au Brésil  et chante en brésilien. Il a une bonne technique, m'invite à venir faire le bœuf. Le lendemain, on fait la soirée à 2 guitares, il est aussi très bon jazzman. Cette nouvelle rencontre va pouvoir m'éviter de trop fréquenter les zonards vers lesquels me poussait mon désœuvrement du début. Inquiétude que je vais retrouver  à Belem avec la trouille de me faire voler une seconde fois…


Un musicien phénoménal. Robert, un guitariste de couleur, infirmier à l’Hôpital de Cayenne : quel musicien ! La finesse du jeu de mon fils Olivier, un compromis Benson, Montgomery… mais, quand je l’ai écouté  jouer la biguine, je suis tombé sur le cul. Je lui ai dit avant de le quitter, "- Tu sais à Paris tu aurais ta place parmi les meilleurs musiciens de Jazz"... Puis, le lendemain, dans l’avion, j’ai regretté cet encouragement sulfureux… Quitter son métier, sa vie tranquille pleine de nonchalance ? Je m’étais déjà confronté à cette réflexion, à Pataya, en Thaïlande : j'avais du lire tout haut, en anglais, quantités de courriers d’européens amoureux… devant une dizaine de gamines aux mains chargées de lettres… Tous ces amoureux évoquaient "ces 3 jours paradisiaques passés dans L’île de Coco", tous voulaient faire venir en Europe "leur fille rêvée". En me posant les mêmes questions, ces jolies gamines avaient toutes les mêmes préoccupations, "- Est-ce que la mer est loin à Châlons sur Marne ?" et "Est-ce qu’on mange du riz gluant à Dusseldorf … ou à Châteauroux ?"  Je devais répondre à toutes ces questions... essencielles aux yeux de ces adorables petites putes qui ne pensaient qu’à jouer aux cartes entre elles en revenant de la plage (jeu d’argent évidemment !) Pour en savoir plus, aller sur le site : www.ecolequiswingue.e-monsite.com


Mardi, 1 heure du matin, Aéroport Archambaud  de Cayenne. Quelle idée de faire partir un avion à 4 heures du matin ! Gérard joue sur son charango péruvien, je viens de quitter sa petite famille après lui avoir donné une dernière leçon de guitare bien méritée. Quel bonhomme ! il sait tout faire ce mec : des instruments, de la musique folk sud-Américaine et même le savant aux dire de ses copains ! A lui seul, dans la jungle, avec ses pièges à insectes, il a isolé et identifié plus de 200 espèces différentes de coléoptères.... J’étais bien cet après-midi avec eux : profs, instits, ce savant entouré de quelques indiens, ce milieu  qui s'intéresse à la culture des gens si différents de nous me sécurise… J'ai trop entendu dans les bars, en arrivant : "... ces fainéants... en parlant des "marrons" et des voyageurs chevelus... Et puis, on est allé chercher un danseur de capoeira qui donne des cours  à des Français de la base de Kourou ;  Un vrai celui-là, avec son berimbao : l’Afrique ou le Brésil, on hésite tant les sonorités rythmiques sont fondues…  j'ai oublié ton nom mais, je te vois encore me griffonner sur un bout de papier le nom de ta famille et le nom du quartier en me disant : " Si tu vas à Salvador va voir ma mère … elle ne m’a pas revu depuis mon départ, ça fait 4 ans… Tu verras c’est plus beau que Cayenne ! On peut voir la bahia de ma maison...

 

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Brésil vers Salvador de Baïa

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